
Souvenir d’une après-midi d’été
Benoît Bouthors
2021 - 20 minutes
France - Fiction
Production : Alta Rocca Films
synopsis
C’est l’été à Corte, il fait chaud et le temps est long. Pour passer l’après-midi, Marie, Lucas et Ghujvanni traînent à la rivière. Ils remarquent qu’un touriste dort pas très loin et se mettent en tête de lui voler son portefeuille.
biographie
Benoît Bouthors
Benoît Bouthors est né en 1990 à Cergy-Pontoise. Après avoir suivi des études de cinéma à Paris puis en Corse, il a travaillé sur des tournages à la lumière et au cadre (par exemple sur les courts métrages de Marine Atlan), ainsi que comme électricien.
Il se lance peu à peu dans la réalisation et son troisième court métrage, Diquà dai monti/En-deçà-des-monts (2017) reçoit le Prix du meilleur court métrage au FIFIB à Bordeaux, le Grand Prix aux Nuits Meds, en plus de sélections à Lille, Nice, Kiev, etc. Il fait pour l'occasion la rencontre d’une bande de jeunes Corses qu’il décide de suivre. En 2020, en parallèle de l’écriture d’un premier long métrage inspiré de leurs vies à Corte, il tourne avec eux un nouveau court métrage : Souvenir d’une après-midi d’été. Ce dernier est montré notamment à Côté court, à Pantin, en 2021.
En 2025, il apparaît au casting de Nouvelle vague de Richard Linklater, présenté en compétition officielle du Festival de Cannes.
Critique
Au cinéma comme dans la vie, l’été dévoile les corps, et le désœuvrement qui l’accompagne invite souvent à la transgression… Celle-ci peut prendre la forme d’une émancipation comme dans Une robe d’été de François Ozon (1996) ou Jeux de plage de Laurent Cantet (1995), qui ont fait date dans l’histoire du court métrage français et lancé la carrière de leurs auteurs. Dans Souvenir d’une après-midi d’été, on retrouve la sensualité estivale présente dans les œuvres citées, mais c’est d’une transgression plus triviale dont il est question – voler le portefeuille d’un touriste. Cependant, la perspective de braver cet interdit fait affleurer des rapports de domination dans le trio de jeunes adultes, tensions qui font insidieusement bouger les lignes entre eux, et les pousse également à s’affirmer.
De court en court, Benoit Bouthors filme la Corse, où il a fait une partie de ses études de cinéma, et en particulier certains jeunes de la ville de Corte, rencontrés lors du tournage de son film précédent, Diqua dai monti / En-deçà des monts (2017), où apparaissaient déjà les deux comédiens principaux de Souvenir…, Nicolas Luciani et Louis Memmi, encore adolescents. Depuis cette première collaboration, Memmi, repéré lors d’un casting sauvage, a intégré une école de théâtre et est apparu dans plusieurs longs métrages français récents, dont Borgo de Stéphane Demoustier (2024), qui se déroule également en Corse. Il y incarne un délinquant caractérisé par une apparence angélique et un attrait pour la manipulation, qui, toutes proportions gardées dans l’échelle du vice, ne sont pas totalement étrangers au personnage de Lucas, à l’initiative du vol dans ce court métrage. Toutefois, comme Marie qui, choquée qu’on puisse l’imaginer en appât, revendique ensuite ce rôle pour s’affranchir de ce que l’on attend d’elle, Lucas sera aussi poussé dans ses retranchements – troublé par la rencontre avec l’homme qu’il s’apprête à voler, et qui prend une tournure inattendue. Celle-ci déjoue également nos attentes dans le retour à la normal qui s’opère – le titre inscrit d’ailleurs le récit dans le régime du souvenir, d’un fait devenu anodin avec le temps, alors que la tension croissante nous mettait dans l’attente d’un basculement dramatique. La torpeur et l’indolence des après-midis d’été sont décidément bien trompeuses…
Anne-Sophie Lepicard
Réalisation et scénario : Benoît Bouthors. Image : Martin Rit et Benoît Bouthors. Montage : Stéphane Myczkowski. Son : Laurent Blahay et Victor Praud. Interprétation : Louis Memmi, Lena Costa, Nicolas Luciani, Clément Vieu et Laura Rinieri. Production : Alta Rocca Films.