Extrait

Les filles

Alice Douard

2015 - 29 minutes

France - Fiction

Production : Stromboli Films

synopsis

Charlotte vient d’intégrer de l’équipe de foot de sa grande sœur Nat, mais elle préfère bronzer aux entrainements. Nat, bien décidée à gagner ce match pourtant amical, change Charlotte d’équipe. Les deux sœurs ne joueront plus ensemble mais l’une contre l’autre.

Alice Douard

Née en 1985 à Bordeaux, Alice Douard étudie l’Histoire de l’art puis devient chargée de production chez Atlantique, avant d’être admise en section réalisation à la Fémis en 2009. Pour son court métrage de fin d’études Extrasystole (2013), inspiré d’un récit de Stefan Zweig, elle est honorée d’une Mention spéciale du jury au Festival de Clermont-Ferrand, ainsi que du Youth Award au Zinegoak Film Festival. Le film est en outre acheté et diffusé par Arte.

Tout en travaillant régulièrement en parallèle comme scripte et assistante à la mise en scène (Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador), elle a réalisé en 2015 Les filles, Prix du GNCR au festival Côté Court de Pantin, et en 2019 Plein ouest, ainsi que, dans l'intervalle, le téléfilm Robin (2017), produit par Cinétévé.

Elle rencontre un ample succès avec L'attente, interprété par Clotilde Hesme et Laetitia Dosch, qui remporte le César du meilleur court métrage de fiction en 2025. Inspiré directement par la naissance de sa fille, née de son mariage avec Marie Boitard, avec qui elle a aussi fondé la société de production Les Films de June, elle développe d'après le même récit son premier long métrage : Des preuves d'amour. Celui-ci est présenté en séance spéciale à la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2025.

 

Critique

Les filles (dont le titre de travail était Les filles ont les cheveux longs) est le premier court métrage hors école – à savoir la Fémis – d’Alice Douard, dont le film de fin d’études, Extrasystole, avait été amplement remarqué (voir Bref n°112).

Dérouler un fil d’un film à l’autre n’est pas une approche impertinente, car à l’attirance trouble d’une étudiante pour une enseignante succède un autre face-à-face féminin assez complexe, entre deux sœurs cette fois. La cadette, Charlotte, vient de passer le bac, comprend-on, et prend un job d’été à un péage d’autoroute. Son aînée Nat, étudiante, entend conserver l’ascendant qu’elle exerce sans doute depuis longtemps sur elle (on voit le père, joué par Emmanuel Salinger, mais aucune allusion n’est faite à la mère : partie ou décédée ?). Le choix de la réalisatrice est de médiatiser cette rivalité ordinaire par le motif du football, que pratiquent les deux sœurs, figurant chacune dans une équipe différente lors d’une partie arbitrée par leur géniteur. “Charly” garde les buts des jaunes, tandis que Nat se pose en figure centrale de l’équipe rouge. L’épisode du match couvre environ le tiers du film et le jeu y est plutôt bien filmé, tant dans le côté maladroit des actions que dans la tension qu’il engendre vite. L’enjeu grossit exagérément pour les participantes, en premier lieu pour Charlotte, qui réalise des prouesses dans les cages – “T’es un génie !”, se marre d’ailleurs sa première supportrice Manon.

Alice Douard a choisi une simplicité bienvenue pour médiatiser l’affrontement. Pas de référence trop facile au western dans ce duel, même lorsque Nath transforme un penalty ; elle s’en acquitte seulement d’une frappe de mule… Au final, Charly va chercher l’estime de son aînée par sa bravoure, ce qui serait banal si le personnage n’avait quelque chose d’une “combattante” façon Adèle Haenel. Solène Rigot, décidément très courtisée par le jeune cinéma français, lui prête à la fois sa bille de clown triste, sa sensualité juvénile et sa ténacité de cabocharde. Pile ce qu’il fallait à cette fille aux cheveux – et aux bras – longs. 

Christophe Chauville

Article paru dans Bref n°116, 2015

Réalisation et scénario : Alice Douard. Image : Brice Pancot. Son : Elton Rabineau, Gaël Éléon et Marion Papinot. Montage : Clémence Carré. Interprétation : Solène Rigot, Salomé Richard, Emmanuel Salinger, Yara Pilartz, Sophie Loustalot et Guillaume Bastos. Production : Stromboli Films.