
2023 - 24 minutes
France - Documentaire
Production : Les Films de la Sauvagère
synopsis
Solène est une dentiste saisonnière. Avec son amie Aurore, elles gèrent seules le petit cabinet dentaire de la station de ski des Arcs. Hors du temps, dans le microcosme des saisonniers, des touristes et des locaux, les journées s’écoulent au rythme des patients, des soirées et des sorties sur les pistes enneigées.
biographie
Valentine Cadic
Née en 1996, Valentine Cadic est réalisatrice et comédienne. On l'a vue ainsi, entre autres, devant la caméra de Léa Mysius dans son court métrage de la Fémis Les oiseaux tonnerre, en 2013, puis dans son premier long, Ava, en 2017.
Valentine Cadic a fréquenté l'école de théâtre Les Enfants terribles et a étudié à l'Université de Paris-8 en L3 Cinéma et en Master en réalisation. Elle est également membre fondatrice de l'association Les Filmeuses, créée en 2020.
La même année, elle réalisait son premier court métrage : Omaha Beach. Le film, tourné en Normandie, était alors sélectionné à Brest, à Clermont-Ferrand et à Côté court, à Pantin.
Conçu dans le cadre de la Résidence des 168 heures, dans les Alpes, Les grandes vacances suivait en 2022 et se voyait sélectionné pour concourir au César du court métrage de fiction l'année suivante après avoir circulé dans de nombreuses manifestations majeures (Brest, Clermont-Ferrand, Contis, La Bourboule, Moulins, Sarlat…) et valu à sa comédienne Blandine Madec le Prix d'interprétation féminine à Côté court.
Valentine Cadic achève également en 2022 son film de fin d'études, La nuit n'en finit plus, présenté à son tour à Pantin, en compétition Essai/Art vidéo. On a pu aussi la voir parallèlement comme actrice dans La vérité d'Hirokazu Kore-eda (2019) et Le bal des folles de Mélanie Laurent (2021).
En 2024, son nouveau court métrage documentaire, La saisonnière, est produit par Tripode Productions. Elle développe alors également un projet de premier long métrage, tourné durant les Olympiades à Paris. Initialement intitulé Les jeux, il prend le titre du Rendez-vous de l'été et sort en salles en juin 2024 aprè§s avoir été présenté dans plusieurs festivals internationaux, notamment la Berlinale et San Francisco.
Ayant de nombreuses cordes à son arc, Valentine Cadic a signé aussi un clip, pour la chanson Les amoureux parapluies de Justine Chasles, montré lui aussi à Côté court, en 2025.
Critique
“Je rêve souvent d’un grand voyage, d’un ailleurs où je pourrais fuir le quotidien et pourtant je ne suis jamais partie de la ville où je suis née.” C’est sur ces mots, les siens, que Valentine Cadic ouvre La saisonnière, son quatrième court métrage après Omaha Beach (2020), Les grandes vacances (2021) et La nuit n’en finit plus (2023), mais son premier film documentaire. La cinéaste y filme Solène, dentiste originaire de Normandie, venue le temps d’un hiver prendre en charge, avec son amie Aurore, le petit cabinet dentaire de la station de ski des Arcs. Le film s’avance d’abord comme le portait sobre et pudique d’une jeune fille au travail, documentant avec soin les étapes de son quotidien : les pauses repas du midi, les rendez-vous manqués – et nombreux – de certains patients, l’attente, la prise en charge des malades, la proximité et le lien avec certains d’entre eux. Dans cette petite routine quadrillée règne un esprit joyeux, alimenté par d’autres jeunes saisonniers, et propre à celui des colonies de vacances et à toutes ces choses éphémères. Si Valentine Cadic a souvent rêvé de “grand voyage”, celui entrepris par Solène, semble bien loin de ce que “l’ailleurs” charrie comme lot de fantasmes et rêve de grandeur. Chez la cinéaste (et comédienne), le voyage est justement dénué de toute sa part exotique et grandiloquente, il est même peut être d’avantage un état qu’un trajet. Les grandes vacances et Le rendez-vous de l’été, son premier long métrage, précisaient cette intuition, mettant au centre de leur récit une héroïne (incarnée par la géniale Blandine Madec) plus en transit qu’en réelles vacances. C’est justement cet état d’entre-deux, un peu flottant, cette façon ne pas appartenir totalement à un endroit tout en l’habitant sur un temps restreint, cette manière de s’inventer une vie ailleurs en prenant congé de soi, qui fait toute la richesse des expériences vécues et la préciosité des rencontres dont le cinéma de Valentine Cadic en est, depuis plusieurs films, le bouleversant éloge.
Dans cette petite station de ski plutôt tranquille, une douce intensité flotte parce qu’on sait que l’aventure connaît une fin. Sous l’apparente simplicité de son dispositif témoin et portrait, La saisonnière se révèle profond pour soulever des questionnements existentiels propre à chacun(e) et à ces moments de vie qui riment avec transition et passage. À plusieurs reprises, on verra Solène écouter des vocaux laissés par celui que l’on devine être son amoureux, ou au téléphone avec lui sans que jamais sa voix à elle ne se fasse entendre. Quels sont les rendez-vous manqués : ceux plus ou moins prémédités par des patients inattentifs ou ceux, nombreux, que réserve l’inattendu de l’existence ? Qu’est-ce qui se perd, qu’est-ce qui se gagne ? Faut-il partir ou bien rester ? Être proche ou être loin ? Autant de petits dilemmes égrainés avec grâce et délicatesse dans ce beau conte d’hiver.
Marilou Duponchel
Réalisation, scénario et image : Valentine Cadic. Montage : Lisa Raymond. Son : Valentine Cadic et Étienne André. Musique originale : Corentin Billette. Production : Les Films de la Sauvagère.